Au cours d’une conférence sur l’art moderne, je suis tombée sous le charme du travail de l’allemand Wolfgang Laib, homme discret aux allures de moine, il crée depuis trente ans à partir de matériaux naturels comme le pollen, le riz, le lait et la cire d’abeille.
Inspiré par la pensée orientale ( il vit une partie de l’année en Inde) l'artiste souhaite exprimer les liens existants entre l'homme et la nature. Un étrange pouvoir émane de ses œuvres, l’intensité et la pureté des couleurs utilisées nous invitent à la méditation, à la détente et au recueillement.
Land art ? Minimal art ? Wolfgang Laib est un artiste inclassable. Ses travaux sont le savant mélange de matériaux fragiles et éphémères et de matériaux durables.
La couleur, il la trouve dans la nature, ses monochromes jaunes ont été créés à l’aide de pollen posé à même le sol le temps d’une exposition. 6 mois de récolte, de patience, de persévérance pour quelques jours d’exposition. Sitôt achevée, son pollen est balayé puis jeté. Témoignage d'une nature périssable et sans cesse recommencée.
Le riz, symbole d’offrande mais également graine, il l’utilise pour créer des pyramides représentant des montagnes, lien entre le ciel et la terre.
Sa pierre de lait d’un blanc totalement pur et lumineux est un mélange de marbre creusé profondément rempli de lait, symbole d’énergie vitale et de croissance. Chaque soir, le lait s’évapore incitant le conservatoire du musée à verser chaque matin le lait comme un rituel. Les lieux d’exposition deviennent indirectement des espaces de méditation
Ses œuvres vont bien au-delà de l’approche esthétique, l’intérêt de l’artiste réside ailleurs, dans sa démarche, dans son intention et dans sa préparation. Se projeter au-delà du visible... Personne ne ressort jamais intact d’une exposition de Wolfgang Laib, ses œuvres fragiles à l’aspect presque sacré et au caractère vivant sont une expérience intense et unique…